Ali Farka Touré, né en 1939 à Gourma-Rharous, un petit village près de Niafunké dans la région de Tombouctou au Mali, est l’un des plus grands musiciens africains et un maître du blues du désert. Reconnu internationalement, il a marqué l'histoire de la musique en reliant les racines de la musique africaine aux traditions du blues américain, révélant leur parenté profonde.
Jeunesse et débuts
Ali Farka Touré est né dans une famille d’agriculteurs et de pêcheurs appartenant à l’ethnie Songhaï. Son surnom "Farka", qui signifie "âne" en songhaï, reflète son caractère déterminé. Bien qu'il ait perdu son père pendant son enfance, Ali a été profondément influencé par les traditions musicales locales, notamment celles des griots et des chansons spirituelles de sa région.
Il ne commence la musique qu'à l'âge de 12 ans, après avoir assisté à une performance qui le marque profondément. Il apprend à jouer de la guitare tout en explorant d'autres instruments locaux comme le n'goni (un luth traditionnel) et la flûte. Très tôt, il se distingue par son talent unique et sa capacité à fusionner différents styles traditionnels.
Carrière musicale
Ali Farka Touré commence à se produire dans les années 1950 et 1960, mais c'est dans les années 1970 qu'il développe un style qui le distingue. Il mêle les rythmes traditionnels du Mali avec des éléments du blues américain, affirmant que le blues trouve ses origines en Afrique de l’Ouest. Cette approche lui vaut d’être surnommé le "John Lee Hooker africain".
Dans les années 1980, il gagne en notoriété internationale grâce à des albums comme Ali Farka Touré (1987), où il montre comment les traditions africaines et le blues se complètent. Sa collaboration avec Ry Cooder sur l'album Talking Timbuktu (1994) lui vaut un Grammy Award, une première pour un artiste malien.
Style musical
Le jeu de guitare d'Ali Farka Touré est hypnotique, mêlant des techniques fingerpicking complexes à des mélodies répétitives qui évoquent les paysages désertiques du Sahel. Ses chansons, souvent chantées en songhaï, peul ou tamasheq, abordent des thèmes universels comme l’amour, la spiritualité et la vie quotidienne, tout en célébrant l’héritage culturel du Mali.
Retour à Niafunké et engagement local
Malgré son succès mondial, Ali Farka Touré reste profondément attaché à ses racines. Dans les années 1990, il réduit ses tournées pour retourner à Niafunké, où il se consacre à l'agriculture et à l'amélioration des conditions de vie de sa communauté. Il devient maire de sa région et travaille à des projets d'irrigation et d'éducation.
Dernières années et héritage
En 2004, il sort l'album In the Heart of the Moon, une collaboration avec Toumani Diabaté, célèbre joueur de kora, qui remporte un autre Grammy Award. Son dernier album, Savane (2006), sorti à titre posthume, est salué comme un chef-d’œuvre et une célébration de son immense contribution à la musique mondiale.
Ali Farka Touré s’éteint le 6 mars 2006 à Bamako des suites d’un cancer. Il est enterré dans son village natal de Niafunké, où il reste une figure vénérée.
Héritage
Ali Farka Touré a laissé une empreinte indélébile sur la musique mondiale. Il est souvent cité comme une figure clé du "blues du désert" et un ambassadeur culturel du Mali. Son fils, Vieux Farka Touré, a poursuivi son héritage musical tout en développant son propre style.
Ali Farka Touré symbolise la puissance de la musique comme pont entre les cultures, et son œuvre continue d’inspirer des artistes et des amateurs de musique à travers le monde.