Kwame Nkrumah est l'une des figures les plus marquantes de l’histoire africaine du XXe siècle. Né le 21 septembre 1909 à Nkroful, dans la colonie britannique de la Côte-de-l'Or (aujourd'hui le Ghana), il est connu comme le père fondateur de l’indépendance du Ghana et un ardent défenseur du panafricanisme.
Jeunesse et éducation
Nkrumah est né dans une famille modeste. Éduqué dans des écoles missionnaires, il se distingue très tôt par son intelligence et sa détermination. En 1935, il quitte la Côte-de-l'Or pour poursuivre ses études aux États-Unis, où il obtient un diplôme en économie et sociologie à l'université Lincoln, puis une maîtrise en philosophie à l'université de Pennsylvanie. Pendant son séjour, il découvre les travaux de grands penseurs comme Karl Marx, Marcus Garvey et W.E.B. Du Bois, qui influenceront profondément son idéologie.
En 1945, il s’installe à Londres où il participe au Congrès panafricain de Manchester, un événement clé pour les mouvements de libération africains. C’est là qu’il forge des alliances avec d'autres figures révolutionnaires, renforçant son engagement envers l’indépendance et l'unité de l’Afrique.
Lutte pour l’indépendance
En 1947, Nkrumah retourne en Côte-de-l'Or et devient secrétaire général de l’Union des travailleurs unis de la Côte-de-l'Or. Dissident au sein du mouvement modéré de l’époque, il fonde en 1949 le Convention People's Party (CPP), avec pour objectif de mobiliser les masses pour l’indépendance totale et immédiate. Sa devise, "Autonomie maintenant !", inspire des grèves massives et des manifestations populaires. Cela lui vaut d’être emprisonné en 1950, mais sa popularité reste intacte. En 1951, alors qu’il est encore en prison, son parti remporte les élections législatives, et il est libéré pour devenir Premier ministre.
Sous sa direction, la Côte-de-l'Or devient en 1957 le Ghana, premier pays d’Afrique subsaharienne à accéder à l’indépendance. Ce succès fait de Nkrumah une icône panafricaine.
Présidence et vision panafricaine
En 1960, le Ghana devient une république, et Nkrumah en est élu président. Il rêve de faire du Ghana un modèle de développement pour l’Afrique, en s’appuyant sur des réformes ambitieuses : construction d’infrastructures, industrialisation, et éducation pour tous. En parallèle, il milite activement pour l’unité africaine. En 1963, il participe à la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ancêtre de l’Union africaine.
Cependant, son style de gouvernance devient de plus en plus autoritaire. Il bannit les partis d'opposition et se déclare président à vie en 1964. Ses projets économiques ambitieux, comme la construction du barrage d’Akosombo, plongent le pays dans des difficultés financières croissantes.
Exil et mort
En 1966, alors qu’il est en voyage en Chine et au Vietnam, un coup d’État militaire soutenu par des puissances occidentales le renverse. Nkrumah s’exile en Guinée, où il est accueilli par son ami et allié Sékou Touré, président de la Guinée. Il y passe ses dernières années, continuant d’écrire et de plaider pour l’unité africaine.
Kwame Nkrumah meurt le 27 avril 1972 à Bucarest, en Roumanie, des suites d’un cancer. Il laisse derrière lui un héritage complexe mais indéniable, marqué par sa vision de l’indépendance et de la solidarité africaine.
Héritage
Kwame Nkrumah est célébré comme un héros national au Ghana, où son anniversaire est un jour férié, le "Kwame Nkrumah Memorial Day". Sa pensée panafricaine continue d’inspirer des générations, incarnant la quête d’un continent uni et autonome.