Joe Slovo, né Yossel Mashel Slovo le 23 mai 1926 à Obeliai en Lituanie, est une figure emblématique de la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud. Issu d'une famille juive, il émigre avec ses parents en Afrique du Sud à l'âge de huit ans. Son père travaille comme chauffeur à Johannesburg. Bien que sa famille soit religieuse, Slovo devient athée tout en conservant un respect pour les aspects positifs de la culture juive.
Jeunesse et éducation
Slovo quitte l'école en 1941 et travaille comme commis d'expédition. Il rejoint le National Union of Distributive Workers et, en tant que délégué syndical, participe à l'organisation de grèves. En 1942, il adhère au Parti communiste sud-africain (SACP). Inspiré par les combats de l'Armée rouge contre les nazis, il s'engage volontairement dans l'armée sud-africaine pendant la Seconde Guerre mondiale, servant en tant que signaleur en Afrique du Nord et en Italie. Après la guerre, il étudie le droit à l'Université du Witwatersrand, obtenant son diplôme en 1950. Pendant ses études, il est un militant étudiant actif et côtoie des personnalités telles que Nelson Mandela et Harry Schwarz. En 1949, il épouse Ruth First, une militante anti-apartheid et fille du trésorier du SACP, Julius First. Le couple a trois filles : Shawn, Gillian et Robyn.
Engagement politique et lutte contre l'apartheid
Dans les années 1950, le SACP est interdit, et Slovo, ainsi que sa femme, est répertorié comme communiste en vertu de la loi de suppression du communisme, ce qui lui interdit de participer à des rassemblements publics. Malgré ces restrictions, il reste actif dans le Congrès des Démocrates, une organisation alliée à l'ANC dans le cadre de l'Alliance du Congrès. Il contribue à la rédaction de la Charte de la liberté en 1955. En 1956, il est arrêté et inculpé de trahison, mais les charges sont abandonnées en 1958. Après le massacre de Sharpeville en 1960, il est détenu pendant six mois lors de l'état d'urgence.
En 1961, Slovo devient l'un des dirigeants de uMkhonto we Sizwe (MK), la branche militaire de l'ANC formée en alliance avec le SACP. En 1963, il s'exile et vit successivement au Royaume-Uni, en Angola, au Mozambique et en Zambie, dirigeant des opérations contre le régime de l'apartheid. En 1982, sa femme Ruth est assassinée à Maputo, Mozambique, où le couple vivait en exil. En 1984, il est élu secrétaire général du SACP à Lusaka, Zambie, et en 1985, il devient le premier membre blanc du comité exécutif national de l'ANC.
Rôle dans les négociations et le gouvernement post-apartheid
Slovo joue un rôle crucial dans les négociations qui mènent à la fin de l'apartheid. En 1992, il propose les "clauses crépusculaires" prévoyant un gouvernement de coalition pour les cinq années suivant les élections démocratiques, incluant des garanties pour les fonctionnaires et un processus d'amnistie, afin de faciliter la transition pacifique. Après les élections de 1994, il est nommé ministre du Logement dans le gouvernement de Nelson Mandela.
Décès et héritage
Joe Slovo décède d'un cancer le 6 janvier 1995 à Johannesburg. Ses funérailles, tenues au cimetière d'Avalon à Soweto, sont marquées par la présence de hauts responsables de l'ANC, dont Nelson Mandela et Thabo Mbeki, et attirent environ 50 000 personnes, principalement des Sud-Africains noirs, un hommage rare pour un Sud-Africain blanc.
Son héritage perdure à travers diverses commémorations, notamment des rues renommées en son honneur, des résidences universitaires portant son nom, et des conférences annuelles organisées par le Congrès des syndicats sud-africains (COSATU). En 2004, il est classé 47ᵉ dans le Top 100 des plus grands Sud-Africains.
