L'Empereur Ménélik II (Amharique : ዳግማዊ ምኒልክ, Dagmäwi Menelik) est l’un des souverains les plus emblématiques de l’histoire éthiopienne et africaine. Né le 17 août 1844 à Ankober sous le nom de Sahle Maryam (en ge'ez : ሳህለ ማርያም), il devient roi du Shewa en 1866 puis Roi des Rois (negusse negest) d'Éthiopie en 1889. Connu pour son leadership visionnaire et ses réformes modernisatrices, il est surtout célébré pour sa victoire historique à la bataille d’Adoua en 1896, qui a préservé l’indépendance de l’Éthiopie face aux ambitions coloniales européennes.
Jeunesse et ascension au pouvoir
Ménélik II est né Sahle Maryam, fils du roi Haile Melekot du Shewa et d’une noble nommée Woizero Ijigayehu. Après la mort de son père en 1855, il est capturé par l’empereur Tewodros II et retenu en captivité jusqu’en 1865. À sa libération, il retourne au Shewa et revendique son héritage en devenant roi.
Sa montée au pouvoir est marquée par des alliances stratégiques et des conquêtes militaires qui lui permettent d’étendre son territoire. En 1889, à la mort de l’empereur Yohannes IV, Ménélik II est couronné négus (empereur) d’Éthiopie.
La bataille d’Adoua et la préservation de l’indépendance éthiopienne
L’un des moments les plus marquants de son règne survient en 1896 avec la bataille d’Adoua. Face aux ambitions coloniales italiennes, incarnées par le Traité de Wuchale (1889), Ménélik II rejette les clauses trompeuses qui prétendaient soumettre l’Éthiopie au protectorat italien.
Le 1er mars 1896, il inflige une défaite écrasante aux forces italiennes lors de la bataille d’Adoua. Cette victoire, obtenue grâce à une armée bien organisée et fortement équipée, marque un tournant dans l’histoire africaine. L’Éthiopie devient ainsi l’un des rares pays africains à échapper à la colonisation européenne, consolidant son prestige international.
Réformes et modernisation
Au-delà de ses exploits militaires, Ménélik II est un réformateur. Il modernise les infrastructures du pays en introduisant :
- Les chemins de fer : Construction de la ligne ferroviaire Djibouti-Addis-Abeba.
- Les télécommunications : Mise en place des télégraphes et du téléphone.
- L’administration et l’éducation : Création d’institutions modernes et d’écoles.
- La monnaie nationale : Introduction du thaler de Ménélik pour stabiliser l’économie.
Fin de règne et héritage
La fin du règne de Ménélik II est marquée par des problèmes de santé. Frappé par une maladie grave en 1909, il perd une grande partie de ses capacités physiques et mentales, laissant la régence à sa femme, l’impératrice Taytu Betul, puis à d’autres conseillers. Il meurt le 12 décembre 1913 à Addis-Abeba.
Son héritage reste profondément ancré dans l’identité éthiopienne. Symbole de résistance et d’indépendance, Ménélik II inspire encore aujourd’hui les mouvements panafricanistes et les luttes pour la souveraineté nationale.