Le Capitaine Guérandi Mbara Goulongo, militaire et homme politique camerounais, est une figure marquante de l’histoire contemporaine du Cameroun, notamment en raison de son rôle clé dans le coup d'État manqué de 1984 contre le président Paul Biya et la poursuite en exile, avec une remarquanble persévérance, de la lutte pour un changement politique "systémique" dans son pays.
Né dans une région semi-aride du nord du Cameroun, Guérandi Mbara est issu d’une famille modeste. Brillant et déterminé, il se distingue très tôt par son sens stratégique et son dévouement à la discipline militaire.
Carrière militaire et rôle dans le putsch de 1984
Après avoir intégré les forces armées camerounaises, Guérandi Mbara gravit rapidement les échelons grâce à son intelligence et son expertise tactique. Il atteint le grade de capitaine et se distingue parmi les jeunes officiers de l’armée. En avril 1984, il devient l'un des principaux acteurs d'un coup d’État orchestré par des officiers fidèles à l’ancien président Ahmadou Ahidjo, mécontents de la transition du pouvoir à Paul Biya. Le putsch visait à renverser Biya, qui avait succédé à Ahidjo en 1982 dans des conditions controversées.
Bien que le coup d’État ait échoué, plongeant le pays dans une vague de répression sanglante, le Capitaine Guérandi parvient à échapper à la capture, à la différence de nombreux de ses camarades, qui furent exécutés ou emprisonnés. Il entame alors une vie de clandestinité, devenant un opposant exilé et une figure emblématique de la dissidence contre le régime de Biya.
Exil et opposition
Durant son exil, Guérandi Mbara se serait réfugié essentiellement au Burkina Faso. Il , voyageait cependant dans plusieurs pays d’Afrique, d’Europe et d'Amérique du Nord, où il aurait noué des alliances avec des groupes d’opposition camerounais et panafricains. Malgré l’éloignement, il reste une menace pour le régime en place, incarnant une voix critique contre la gouvernance autoritaire de Biya. Des rumeurs persistantes évoquent son implication dans des tentatives de déstabilisation du pouvoir depuis l’étranger, bien qu’aucune preuve tangible ne confirme ces allégations.
Disparition et révélations
En janvier 2013, Guérandi Mbara disparaît mystérieusement. Pendant plusieurs mois, aucune information fiable ne filtre sur son sort. Cependant, une enquête menée par le journal Jeune Afrique révèle plus tard qu’il aurait été enlevé et assassiné par les services secrets camerounais, vraisemblablement sous les ordres directs de hautes autorités du régime. Selon les détails de cette enquête, Guérandi aurait été attiré dans un piège, se rendant à un rendez-vous avec des intermédiaires présumés, avant d’être capturé et exécuté.
Cette disparition tragique renforce l’image de l’impitoyabilité du régime de Yaoundé envers ses opposants. Elle suscite l’indignation au sein de la diaspora camerounaise et dans les cercles des droits humains, qui dénoncent la répression systématique et les pratiques extrajudiciaires.
Héritage
Le Capitaine Guérandi Mbara Goulongo reste une figure controversée. Pour certains, il est un héros national, un homme de conviction qui a osé défier un régime qu’il jugeait illégitime et oppressif. Pour d'autres, son rôle dans le coup d’État de 1984 et son activisme en exil témoignent d’une volonté de déstabilisation plutôt que d’un véritable projet démocratique.
Son assassinat présumé illustre les risques encourus par ceux qui choisissent de s’opposer à des régimes autoritaires en Afrique centrale. À ce jour, Guérandi Mbara symbolise la lutte pour la liberté d’expression et la justice, même si de nombreuses zones d’ombre entourent encore sa vie et sa disparition.